vendredi 18 janvier 2013

Retour sur les aveux de Lance Armstrong

- "Oui ou non, avez-vous pris des produits interdits, du dopage sanguin, lors de chacune de vos sept victoires dans le Tour de France ?" 
- "Oui." 
Voila comment Lance Armstrong a mis fin à plusieurs années de mensonges. Interviewé par Oprah Winfrey, le cycliste texan a avoué avoir eu recours à différents produits dopants au cours de sa carrière : EPO, hormones de croissance, transfusions sanguines ou encore de la cortisone. 




Tout le monde le savait, le pensait, voire l'avait prouvé comme Pierre Ballester et David Walsh dans L.A. Confidentiel (ici) et c'est chez Oprah que "Lance" a avoué. Pas auprès d'un grand journal ou sur ESPN, la chaine américaine de sport en continu, ou encore sur CNN. Non. Chez Oprah. Celle qui est probablement la femme préférée des Américains. Histoire de peut-être rendre plus humain une confession qui bouleverse les plus naïfs, ou pire : les plus hypocrites.

Non, L.A. n'est pas en train de montrer la taille de la seringue

Cet aveu, Armstrong le fait après avoir été acculé par l'agence américaine anti-dopage (l'Usada) ces derniers mois, mettant ainsi fin à une longue suspicion. Il a avoué, tant mieux. Toute personne suivant le Tour de France savait qu'il était dopé, mais il a enfin osé avouer. Se soulager d'un poids qui devait le ronger depuis des années, même s'il avait l'air de montrer le contraire sur son compte Twitter (ici). Mais désormais, Lance fait pénitence à la télé auprès de ses fans : "Je vois la colère des gens qui m'ont supporté et qui ont cru en moi. Vous avez tous le droit de vous sentir trahis. Et c'est ma faute, et je passerai le reste de ma vie à essayer de gagner à nouveau leur confiance"

Sans retenue, l'ex septuple vainqueur du TdF a parlé de tout, y compris de "cette culture du dopage" contre laquelle il avoue ne pas s'être battu. "C'est là mon erreur" confesse le Texan. Mais il ne dévoile pas pour autant d'informations sur cette culture. Pourquoi ? Difficile à dire. Peut-être qu'il ne veut pas briser tout un système, un sport et une course (le Tour) qu'il aime, ou qu'il croit aimer. Peut-être qu'il attend un pardon afin de pouvoir continuer sa reconversion dans le triathlon.

"Pensiez-vous que vous étiez en train de tricher ?" "Non."


Cette réponse est la plus frappante et indique à quel point le cyclisme doit être dans un état catastrophique. Mais doit-on pour autant boycotter le TdF, l'épreuve reine du sport où le dopage serait le plus présent ? Non. Car selon les dires d'Armstrong, la lutte contre le dopage progresse grâce au passeport biologique. Un outil qui l'aurait d'ailleurs convaincu de ne pas se droguer lors de son retour en 2009 et 2010. Pourtant, les mobilettes Contador, Schleck et maintenant Wiggins sont toujours là.

Contador (Tour 2007, 2009 ; Giro 2008 et Vuelta 2008, 2012)  a déjà été mêlé à des affaires de dopage. Les instances lui ont même retiré son Tour 2010 qu'il avait remporté devant Andy Schleck. Après deux ans (rétroactifs) de suspension, il a fait son retour à la compétition le 5 août 2012 et remporté la Vuelta.
Schleck est globalement transparent depuis plusieurs mois et l'instauration de ces passeports biologiques. Précisons au passage que le luxembourgeois n'a pas pris part à la dernière Grande boucle.
Wiggins est un ancien pistard reconverti montagnard. Il a un morphotype similaire à celui de l'Americain, mais parait moins fort, moins souverain que ce dernier. Lors de son Tour victorieux, le Britannique a dû lutter contre son coéquipier Christopher Froome.  Les successeurs d'Armstrong sont donc au moins autant suspects que le Texan ne l'a été.

Qu'adviendra-t-il alors le jour où Wiggins, dernier vainqueur du Tour de France, ou encore Schleck seront (éventuellement) mêlés à une affaire de dopage (ce que je ne leur souhaite évidemment pas) ? La fin du Tour ? La désertion du Tour par ces foules de passionnés, d'amour de la bicyclette ? Tout peut être envisagé.

Exploit


Quoiqu'il en soit, drogué ou pas, les performances de ces sportifs hors normes restent extraordinaires. Même sous EPO, grimper 3 cols hors-catégorie dans une étape est toujours une performance même si le cycliste "triche". Mais peut-être est-ce le système qui est malade. Peut-être que les organisateurs des épreuves en demandent trop aux sportifs au nom de l'audimat et du suspens.

Pour conclure, je dirais que certes les "tricheurs" font du mal à ce sport mais qu'ils ne sont qu'une partie du problème. Tant de choses - notamment le rôle de l'UCI dans le système Armstrong - restent à éclaircir.

Bref tout ceci n'engage que moi, mais j'avais besoin de le mettre sur "papier" car je n'aime pas les lynchages collectifs comme celui que L.A. va subir. Point.

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