mardi 8 octobre 2013

Hockey (NHL) : le débat sur les bastons à nouveau relancé

La meilleure ligue de hockey au monde, la National Hockey League (NHL), a repris ses droits aux Etats-Unis et au Canada le 1er octobre dernier. Et un perpétuel débat à fait son retour au sein des observateurs du sport le plus rapide du monde : les bagarres. Officiellement autorisées par la ligue, elles suscitent à nouveau l'inquiétude de plusieurs scrutateurs locaux suite au match d'ouverture opposant Montréal à Toronto où l'"homme fort" Georges Parros a terminé sur une civière, avec une commotion cérébrale à la clef. Lumières sur un rituel violent et absurde, mais néanmoins indispensable, pour lequel certains joueurs sont payés des millions de dollars.

Parros à terre


1,95 mètre pour 97 kilos. Un beau bébé me direz-vous ? Un sacré spécimen en effet dont le métier est, non pas de mettre des buts comme l'attaquant qu'il est, mais de se battre. En huit saisons au sein de la LNH (comme disent ces invétérés traducteurs de Québécois), l'Américain Georges Parros ne compte que 18 buts et 17 passes en 453 matchs. C'est peu. Ridicule même. Et pourtant, le prestigieux club des Canadiens de Montréal - le plus titré de la ligue - s'est arraché ses services lors de la trêve estivale, et lui versera un salaire estimé à 950 000 $ pour cette saison 2013-14. Pourquoi ? Pour "renforcer" son effectif un peu tendre. En gros : il leur fallait un bagarreur, "un homme fort" comme ils disent dans la Belle Province. Car le joueur de 33 ans cumule quelques 1027 minutes de pénalités ! Notez bien qu'une bagarre est sanctionnée par 5 minutes de prison, ou par une exclusion après avoir participé à trois combats au cours du même match, ou encore pour être impliqué dans cette "discussion virile" lors des 5 dernières minutes de la rencontre. Il est donc aisé de conclure que George "Violent Gentleman" Parros a participé à un très grand nombre concours de droites et autres uppercuts.

Parros vs Orr
 Mais le "policier" du Canadien n'a pas pu profiter très longtemps de son nouveau chandail en ce début saison. Lors d'une bagarre (la seconde du match) contre un confrère bastonneur, Colton Orr, Parros s'est retrouvé face contre glace après avoir lourdement chuté le visage en avant. Agrippé à son rival, l'attaquant de Montréal a fait une lourde chute au moment où Orr tombait involontairement après avoir perdu ses appuis (voir ici en VF). Simple fait de jeu pour certains, cette lourde chute suscite un débat qui révèle l'importance des ces combats qui pourraient paraître barbares pour un néophyte.

La régulation par le poing

Outre le show qu'ils procurent à la foule en délire, les combats font partie intégrante du jeu. Même si les mauvaises chutes, comme celle de Parros, désolent les joueurs, la plupart d'entre eux ne demandent pas l'abolition des combats. "Ça fait partie de la game" comme l'explique l'ancien joueur André Roy. C'est un fait, les accidents sont un impondérable de ce sport où les plus graves blessures arrivent suite à de lourds contacts. Par exemple, la mise en échec de Zdeno Chara (2,06 m, 118 kg) sur Max Pacioretty en 2011 (voir ), provoquant à ce dernier une fracture de la quatrième vertèbre cervicale et une commotion cérébrale. Bien qu'involontaire dans ce cas, cet exemple montre bien que par définition le hockey est un sport de contacts violents. Mais il existe deux types de chocs : les involontaires (comme l'exemple précédent) et les volontaires. En effet, les "hommes forts" ont également certaines cibles de choix au cours d'un match, et ont a cœur de leur adresser volontairement un bloc vicieux. Le cas le plus courant étant le "genou contre genou". Tel le "coup de boule", l'agresseur arrive le genou en avant pour choquer celui de son adversaire. Cette pratique relativement courante suscite deux réactions : la vengeance du "policier" de l'équipe adversaire dès qu'il sera sur la glace au même moment que l'agresseur, ou bien une réaction épidermique du coach. C'est rare mais ça arrive, et pas plus tard que la semaine dernière lors d'un match opposant l'Avalanche du Colorado (Denver) aux Ducks d'Anaheim (Californie). L'entraineur de Denver, Patrick Roy (ex gardien star de la Ligue), n'a en effet pas supporté que le défenseur californien Ben Lovejoy tente ce coup bas contre Nathan MacKinnon, le joueur numéro 1 de la dernière draft (résumé ici).
C'est donc pour éviter ces risques de graves blessures que les bagarres existent : les gros défendent les "petits", comme à la cour de récréation. Certains observateurs, comme Vincent Damphousse (vainqueur de la Coupe Stanley avec Montréal en 1993) supporteraient "l'élimination des bagarres. Poursuivant, si on les enlève je crois pas que les plus vénérables se feraient abuser. Je pense qu'il faut juste appliquer le règlement plus sévèrement". Un point de vu non partagé par le journaliste sportif québécois Martin Lemay qui soutient l'existence de "l'auto-justice" via les bagarres. Des combats qui soulèvent d'ailleurs seulement l'indignation de certains de ces "observateurs".

Statu Quo ?


Car du côté des instances dirigeantes de la NHL et de l'AJLNH (Association des Joueurs de la Ligue Nationale de Hockey), rien à dire. No comment. Du moins, c'est l'avis du grand boss, Gary Bettman pour qui les combats sont une "soupape" bienvenue dans un match. Idem chez la toute puissante - et difficilement influençable - association des joueurs qui ne revendique pas la fin des combats. À vrai dire, ce problème concerne plus les General Manager (GM). Tout le monde a pu voir la tête attristée de Marc Bergevin (GM de Montréal) tandis que George Parros était évacué de l'arène des Canadiens. Ces collègues, qui sont souvent des anciens joueurs réputés comme Steve Yzerman (GM de Tampa Bay, Floride), partagent son inquiétude : "Nous devons décider quel sport on veut. Ou bien tout est permis et nous acceptons les conséquences, ou bien on franchit la prochaine étape et on élimine les batailles."
Il y a donc deux camps qui s'affrontent dans cette affaire où le manichéisme n'a pas sa place. Les "anti" ne sont pas plus gentils que les "pro" fight. Tous ont des arguments parfaitement valables. Les uns veulent éviter les coups vicieux, comme ils sont pratiqués en Europe où les bagarres sont interdites ; les autres souhaitent tout simplement éviter une catastrophe qui - il est vrai - finira indubitablement par arriver dans ce sport exigeant, rapide et violent.
Le consensus n'est donc pas prêt d'être trouvé. Il ne reste plus qu'à espérer qu'une bagarre ne se termine jamais mal.


Crédits photo : Getty Images / Ryan Remiorz, The Canadien Press, Postmedia News

jeudi 3 octobre 2013

Lyon - Vitória Guimarães : l'OL joue avec le feu.

Cinq jours après le triste match nul contre Lille à Gerland, l'Olympique lyonnais avait a cœur de se rattraper devant son public à Gerland. Une mission perdue les joueurs de Rémi Garde qui ont joué à se faire peur face à une équipe portugaise inférieure sur le papier. L'OL sauve provisoirement sa tête mais les inquiétudes demeurent.

OL - Vitória Guimarães

La crise. Les joueurs de Rémi Garde l'ont frôlé ce soir en offrant de nouveau une prestation plus que moyenne. Le coach espérait entrer dans une nouvelle dynamique avec cette compétition différente de la Ligue 1. C'est peine perdue. Avec ce nul contre le petit club de Guimarães, Lyon vient de compromettre sérieusement sa qualification pour le tour suivant de l'Europa Ligue. Pire, la crise menace plus que jamais dans le club de J.-M. Aulas.
Car il n'y avait rien, absolument rien à se mettre sous la dent du côté des Lyonnais lors de la première période. Les (jeunes) Lyonnais n'arrivaient absolument pas à combiner. Ferri, qui ne joue pas à son poste, n'utilisait pas pleinement son couloir droit qu'il partageait avec le timide Pléa. Mvuemba et Malbranque n'ont eu aucune incidence sur le jeu. Seul le couloir gauche occupé par Lacazette et Umtiti donne satisfaction jusqu'à la sortie de ce dernier sur blessure (claquage, 34e). Résultat, Moussa Maazou punit purement et simplement l'OL suite à une erreur de jugement de Gueida Fofana, placé en défense centrale, qui offre un duel contre Anthony Lopes à l'attaquant portugais. 

La révolte

Si Zeffane a remplacé Umtiti, Clément Grenier reste sur le banc au début de la seconde mi-temps. Même s'il a rendu une copie plus que moyenne contre le LOSC samedi dernier, l'international français aurait fait le plus grand bien à son équipe. Mais comme dans tous les matchs pièges, c'est au capitaine de montrer l'exemple. Maxime Gonalons sonne donc la révolte en reprenant d'une tête rageuse un coup-franc frappé par Mvuemba (53e). Les murs ont dû trembler durant la pause et ça se voit. Les joueurs de Rémi Garde prennent conscience de leur supériorité et commencent enfin à jouer peu avant l'entrée de Grenier (Malbranque, 62e). Le milieu de terrain offre d'ailleurs un caviar à Fofana sur coup-franc (65e), cependant le défenseur central d'un soir n'arrive pas à concrétiser une des rare actions que les locaux se procurent uniquement sur phase arrêtée. L'envie a donc fait son retour dans la seconde période, mais le niveau de jeu, lui, n'est toujours pas au rendez-vous. 

Motivation retrouvée et pénalty oublié

Si les Lyonnais ont fait un non match lors de la première période, ils ont eu au moins eu le mérite de faire preuve d'orgueil lors de la seconde. Un sentiment salvateur à la marque mais inutile dans le jeu, puisque l'OL n'a pas forcément mieux joué d'une mi-temps à l'autre. Les passes restent approximatives et les joueurs trop naïfs. À l'image d'un Ferri ayant reçu un carton jaune pour un croche-patte suite à une erreur d'appréciation (70e). La rentrée de Danic (Mvuemba, 83e) ne changera rien, même si l'OL aurait dû bénéficier d'un pénalty après un tacle ardu de Ba sur Lacazette (86e). Un pénalty accordé dans un premier temps par M. Meyer, l'arbitre central, avant d'être convaincu par son assistant de but - le fameux cinquième arbitre - qu'il n'y avait pas faute. Une intervention, il faut le dire, injuste pour les Lyonnais car il y avait bien faute. En fin de compte ce fait de jeu aurait plus été un cache-misère qu'autre juste dans ce match nul justifié. Un score qui exprime clairement, et honnêtement, le vrai niveau de l'Olympique lyonnais qui n'a pas encore sorti la tête de l'eau, bien au contraire.

vendredi 5 juillet 2013

"World War Z" ou "Le blockbuster de l'anti-héros"

À l'heure des grands défilés de mode parisiens, la fameuse "fashion week", je préfère succomber à un autre effet de mode, tout autant visuel : les zombies. Après "28 jours plus tard" (2002), "The Crazies" (2010) et l'épique BD "The Walking Dead" (depuis 2003), les morts-vivants font un retour musclé et dopé à grands coups de dollars avec "World War Z". Premier blockbuster pour Brad Pitt qui endosse le rôle du héros, sans prétendre en être un pour autant. 

Même à Paris. Quelle bande de malpolis ces zombies

Lors d'une banale journée, Gerry Lane (Brad Pitt) et sa petite famille se retrouvent au milieu d'une foule de zombies fous furieux, courant et mordant à tout va. Et le phénomène ne se limite pas à Philadelphie où se trouve Lane et les siens : l'invasion est mondiale. Rapatriés sur un navire de guerre battant pavillon américain et onusien, les Lane sont enfin à l'abri. Mais cette sécurité a un prix pour Gerry : quitter sa famille et retourner sur le terrain. Avec l'aide d'une équipe de militaires et de scientifiques, il est chargé de trouver le point d'origine de la maladie pour fabriquer un antidote au plus vite. Quitte à parcourir les quatre coins du globe. 

Anti-héros

Brad Pitt a parait-il été héroïque sur le tournage (lire ici les détails du sauvetage d'une figurante), mais Gerry Lane, son personnage, ne l'est pas vraiment, bien au contraire. Car à l'inverse des sauveteurs "normaux" de la planète, il n'est pas flic, ni militaire, ni héros solitaire filant des grands coups de tatanes à tout le monde. Non, Brad Pitt, c'est l'observation et la réflexion, en un sigle : l'ONU. Pas question d'influencer les décisions militaires, Pitt est juste là pour comprendre comment les choses sont arrivées et devient ainsi un parfait anti-héro. Il n'a aucun envie de prendre part à l'aventure et il ne résout pas le problème à la fin du film (je ne vais pas en dire plus). Brad Pitt ne rêve que de normalité, de vie de famille basique où sa plus grave crise serait de gérer l'asthme capricieux de sa fille aînée. Bref, Brad - Gerry joue les modestes et ne prétend pas détenir la vérité. 

C'est d'ailleurs tout l'intérêt du film qui montre comment une situation connue des autorités peut très vite dégénérer. En effet, dès le début, tous les protagonistes savent qu'un dangereux virus - une espèce de rage du XXIe siècle - se promènent dans l'air mais personne (du moins Gerry, Américain lambda) ne semble y prêter attention. Les vols internationaux sont maintenus et leurs voyageurs contaminent à la vitesse de la lumière les grandes villes. C'est donc le manque patent de réaction gouvernementale qui est pointé du doigt. Sûement une influence de Brad Pitt (le producteur) en référence à l'absence de décisions du gouvernement Bush après la tempête Katrina à La Nouvelle-Orléans (août 2005).

 "Réalisme"

En fin de compte, le film offre une vision "réaliste" du problème à travers un homme normal habité par une peur uniquement surmontée par son instinct de survie, et sa volonté de comprendre comment les choses ont pu si mal tourner. Mais on reste tout de même dans un film de morts-vivants. Il y a des moments de frissons, de suspense, ou même de tension lorsque le héros doit se faufiler dans le dos des monstres. Tout le monde guette tout le monde, la tension est palpable et irrationnel tout au long du film où chaque personnage remplie son seul et unique rôle. Les soldats tirent, les scientifiques réfléchissent et Gerry Lane enquête : mais tous ont peur. Tout comme le spectateur absorbé par le film. Bref, à voir !

mercredi 12 juin 2013

Tourisme musical : City and Colour au Café de la Danse

City and Colour (+ Twin Forks)
 Café de la Danse, Paris 7 juin 2013


Temporairement Parisien, je suis allé voir City and Colour au Café de la Danse, dans le 11e. Après avoir lutté courageusement sur mon velo’v, pardon, mon vélib’, contre la circulation parisienne pendant une bonne demi-heure, j’arrive enfin place de la Bastille vers 19h30. Je n’ai pas encore trouvé la salle que j’ai déjà chaud … et j’étais loin d’avoir eu ma dernière goutte de transpiration, loin de là. 


Dallas Green de City and Colour (jeu de mot !) DR

Je me présente devant l’entrée de la salle. Je fais la queue patiemment comme tout le monde, et première observation : le public est d’âge variable (18-30 ans). A priori, les extravagances musicales, ce n’est pas pour ce soir. Ah oui, j’oubliais. Je dois bien vous avouer que j’ignorais l’existence de City and Colour trois jours avant de me rendre au concert. Voilà, c’est dit. Même si j’ai eu le temps d’écouter la plupart des morceaux, c’est en néophyte absolu que je m’en vais vous commenter la qualité de ce concert.
Une fois mon billet retiré auprès de la charmante demoiselle de l’accueil, je découvre cette très jolie salle du Café de la Danse. Pierres apparentes derrière la scène, bar sur la droite au-dessus des sièges. Vraiment un endroit très sympa. Oui, au cas où vous n’auriez pas compris, je suis un touriste, un vrai ! Du genre à s’émerveiller pour un rien. Bref.

Tonus floridien

Assis en hauteur, histoire d’avoir une vue d’ensemble, je pense déjà à la bière fraîche qui aura le mérite de m’hydrater après le passage de Twin Forks. Les Américains arrivent sur scène. Chemise fermée jusqu’au dernier bouton (un fou !), Chris Carraba (chant, guitare), salue la foule en délire et enchaine tout de suite sur une petite blague. Les gens rigolent un peu, l’ambiance s’installe, ça devrait bien se passer.
Twin Forks (DR)
Dans un genre folk moderne et classique à la fois, Twin Forks enchaine les morceaux qui ont le mérite de dérider le public. Remarque, ils sont là pour ça … C’est joyeux, le chanteur communique avec son public et fait même chavirer le cœur des jeunes filles en retirant sa chemise sous lequel ce sacripant avait caché un t-shirt. Quel filou. Globalement, la musique est bonne. Joyeuse, entrainante, I Saw The Light d’Hank Williams, un ponte de la country US. Sans être révolutionnaire (et il ne le prétend pas), Twin Forks a eu le mérite en une grosse demi-heure de chauffer (au sens propre comme figuré) la salle et de préparer dignement l’arrivée sur scène de City and Colour. Tout content, je fonce vers le bar pour ressourcer mon corps en sels minéraux comme ils disent à la télé. J’ai donc pris une bière.

Calme canadien

Le temps de regarder attentivement les jolis clichés exposés sur les murs du Café de la Danse, Dallas Green et sa petite bande se pointent sur scène vers 21 heures. Le public est content mais le Canadien fait son timide et ne décroche pas un mot avant de jouer. C’est quand même dommage ce manque de communication. Green commence par une machine infernale faite pour emballer votre rencard du soir. C’est beau, c’est posé, et la petite bande enchaine vite le second morceau que le chanteur conclue par un timide « Thank You ». Vraiment ces Ontariens, ils savent pas dire « merci » ? Arrive ensuite le plus rythmé The Great Optimist, et le très blues As Much As I Ever Could après lequel le chanteur lâche trois petites phrases. C’est beau le partage.
Harassé par la chaleur, Dallas Green est forcé de quitter ses lunettes embuées même si, selon ses dires, il ne voit plus rien sans. Le dur métier d’artiste ! Au bout du sixième titre, le reste du groupe quitte la scène désormais occupée par Green et sa guitare. Seul avec son public, le chanteur se fend enfin d’une petite blague au dépend de la Californienne présente dans la salle avant la chanson Golden State. Un vrai pince-sans-rire.

Un groupe rodé

En vrai, il avait pas de chapeau. (DR)
Niveau son, on note quelques pointes d’effets Larsen pas méchants, mais dans l’ensemble la qualité est là. Même si ce n’est pas vraiment mon style préféré, je dois avouer que la performance de City and Colour est vraiment bonne. On n’est vraiment pas dans la catégorie « bêtes de scène », mais ça reste beau à écouter. C’est propre, net et sans bavure. Pourtant, une petite tâche a toujours tendance à rendre l’ensemble plus vivant et surtout, plus humain. En effet, City and Colour fait parti de ses groupes dont le style impose une absence de jeu scénique. Alors oui, c’est beau mais à moins d’être un grand fan, on peut trouver le concert un poil long surtout lorsqu’on subit (assis ou debout immobile) les premières chaleurs de l’année après un printemps glacial. Les fans ont chaud mais la prestation de leur idole a le mérite de leur faire oublier la canicule dans la salle.

Au bout d’une grosse heure et demi, la groupe quitte la scène. C’est l’heure du rappel. Dallas Green revient seul avec sa guitare et son harmonica. Enfin ! Un joueur folk digne de son nom se doit de jouer de l’harmonica. L’honneur est sauf grâce à « Body In A Box ». Puis, le tout est achevé par The Girl avec le retour de ses compères sur scène.

22 heures 40, un petit « thank you » et ciao

A l’image du concert : sobre, net, efficace.

vendredi 7 juin 2013

Playsound : Daft Punk, Fauve, Eddie Cochran, Jeff Hanneman

Nouveau mois, nouveau Playsound !
Ce mois-ci, l'équipe de PS vous propose une glorieuse chronique du dernier Daft Punk, un magnifique Live Report de Billy Talent ou encore une saillante analyse des biopics présentés cette année à Cannes. Pour ma part, j'ai modestement contribué à la tâche en revenant sur les carrières du jeune prodige Eddie Cochran (1938-1960), et du guitariste de Slayer, Jeff Hanneman, récemment décédé. Oui c'est un peu morbide tout ça ...

http://www.playsound.fr/magazine/


Ils ont fait l'histoire du rock : Eddie Cochran 

Il n'avait que 21 ans mais il était pétri de talent. Il n'a fait qu'un album mais il a participé à la création du rock'n'roll. Il est peu connu de nos jours, mais il est encore une référence des pontes du rock actuel. Qui ? Eddie Cochran. Retour sur la vie d'un prodige mort trop jeune.
la classe
 Eddie Cochran avait tout pour lui à 17 ans : le tal­ent, la voix, la technique et le charisme. En 1955, il enregistre plusieurs titres comme membre des « Cochran Brothers ». Il collabore alors avec Hank Cochran, un homonyme au look semblable au sien. Il était alors plus jeune qu'un certain Elvis Presley (1935-1977) dont le premier album sortira « seulement » en 1956. Mais si le « King » est de­venu un des créateurs officiel du rock'n'roll avec Little Richards et Chuck Berry, Eddie Cochran en est seulement un membre officieux. Tout comme Billy Preston était le cinquième Beatles, Cochran est la part d'ombre de la création du rock'n'roll et du rockabilly. Il aurait dû se payer une place au soleil mais l'aventure pris fin tragiquement en 1960, à 21 ans (1938-1960).
Désormais, l'éternel jeune homme n'est plus vraiment connu du grand public à cause de sa courte – mais dense – carrière. En seulement 5 ans, il a créé les bases d'un rock ayant influ­encé les grandes stars des années 1960 : The Beatles, The Rolling Stones ou encore Johnny Cash aux États-Unis. 
 
Twenty Flight Rock

Tout commence en Californie où le jeune Eddie et ses parents emménagement en 1953. Passionné de musique, il prend des cours de piano et parfait son apprentissage de la guitare en écoutant des morceaux de country à la ra­dio. Style musical dont il va largement s'inspirer pour ses compositions. Dès 15 ans, Cochran se produit sur une scène locale. Puis à 17 ans, il forme son pseudo duo familial avec Hank, avant d'entamer une carrière solo. 
 Cochran décroche tout d'abord un petit rôle dans The Girl Can't Help It (La Blonde et moi en vf) grâce à Boris Petroff, le producteur du film. Il y interprète avec grand succès le percutant Twenty Flight Rock (1956). Son style et son talent font mouche auprès des producteurs qui décident alors de sortir le titre en single via le label Liberty. Eddie voit ainsi sa popularité s'étendre au-delà de son pays d'origine pour traverser l'Atlantique. 

Paul & John

Si un tel morceau fait vite autorité, c'est grâce à la qualité de l'interprétation de l'ado de 17 ans qui séduit avec sa voix – déjà – grave, et douce à la fois. L'Américain impressionne aussi par la qualité de son jeu. C'est d'ailleurs une innovation technique particulière qui va lui permettre de s'extraire du lot et influencer toute une généra­tion de rockers.
Contrairement aux autres guitaristes, Eddie Cochran choisit de détendre sa troisième corde. « C'est l'un des moments charnières de l'histoire de la guitare » selon le producteur et musicien Binky Philips. En effet, grâce à cette astuce, Ed­die produit un son avec plus de teintes qui inspire les jeunes guitaristes comme Paul McCartney. Âgé de 15 ans, celui qui n'était pas encore Sir, apprit par coeur Twenty pour impressionner le leader des Quarrymen, un petit groupe local. Paul venait alors de faire la connaissance de John Lennon.
Sans le savoir, l'Américain, à peine plus vieux que les deux jeunes anglais, a donc contribué à la formation du plus grand groupe du monde. Et le temps d'un unique album et de quelques singles, Cochran a eu l'occasion d'inspirer bon nombre de musiciens dans les décennies suivantes.
 
 



Summertime

En 5 ans de carrière, Cochran a enregis­tré plusieurs chansons mais n'a sorti qu'un seul LP de son vivant : Singin' To My Baby. L'album de ses 18 ans parvient alors à se hisser à la 18e place des charts en 1957. Il enchaine par la suite de multiples sorties de singles dont Summertime Blues et C'mon Everybody en 1958. Classés respectivement 8e et 35e des ventes, ces deux titres sont une vraie réussite. Pourquoi ? Pour deux rai­sons très simples : la qualité de la musique et des paroles. Qui peut, si ce n'est un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, écrire des paroles pouvant toucher une jeunesse en manque de liberté ? Cochran gagne sur les deux fronts en faisant à la fois danser, et rêver, ceux qui achètent ses disques avant de les jouer eux-mêmes sur scène.
un live à écouter !
Ainsi, Summertime figure dans le presque parfait Live at Leeds des Who en 1970, et plus récemment sur le single 10 A.M. Automatic des Black Keys. Notre Johnny national en fit même une version française, La fille de l'été dernier, en 1975. C'est dire ! L'autre tube de 58, C'mon Everybody, est notamment joué par Led Zeppelin en concert (live au Royal Albert Hall, 1970), Sid Vicious et bien d'autres. Symboles de reconnaissances, ces reprises montrent bel et bien l'in­fluence concrète de Cochran sur ses successeurs, comme Slim Jim Phantom.
Le batteur de Stray Cats (un groupe rétro) voit d'ailleurs une influence directe de Cochran sur des groupes modernes comme Motörhead. « Quand ils (les auditeurs) écoutent Ace of Spades, ils écoutent du Eddie Cochran », assène-t-il sûr de lui.
Cette tendance des groupes anglais à jouer ces deux tubes prouve le succès de Cochran auprès des jeunes de la Perfide Albion. Un succès qu'il a confirmé en se produisant assez vite de ce coté-ci de l'Atlantique dès 1960, l'année de son décès. 
 
 La loi des séries

Eddie et Gene Vincent
Cochran arrive en Angleterre alors que Lennon et McCartney songent déjà à se rendre à Hambourg (août 1960) en tant que Beatles. Mais depuis la mort de ses amis Buddy Holly et Ritchie Valens dans un accident d'avion début 1959, Eddie est préoccupé par une prémonition morbide. Il est persuadé d'être le prochain sur la liste. Hélas, le destin lui donnera raison le 16 avril 1960.
Sur la route entre Bristol et l'aéroport de Londres, le taxi transportant Eddie, sa fiancée Sharon Sheeley et son grand ami Gene Vincent, s'écrase contre un réverbère d'une route du Wiltshire (sud-ouest anglais). Selon les enquêteurs, l'excès de vitesse du taxi aurait causé l'éclatement d'un pneu et provoqué la perte totale de contrôle du véhicule. Au moment de l'accident, Cochran, placé au centre de la banquette arrière, aurait protégé, tel un bouclier, sa fiancée avant d'être éjecté de la voiture. Il fut conduit à l'hôpital de Bath où son décès fut prononcé quelques heures plus tard, le 17 avril. L'accident avait provoqué d'importants, et incurables, traumas crâniens.
Plus qu'une source d'inspiration pour les autres, et malgré un sort tragique et injuste, Eddie Cochran restera la premier adolescent à arriver au rang de star. Le premier d'une longue série produite par le système américain, mais certainement le plus talentueux. Que le passé a du bon.

lundi 3 juin 2013

Réflexion sur le "Racaille Football Club" de Daniel Riolo

Co-animateur de l'After Foot sur RMC avec Gilbert Brisbois depuis 2006, Daniel Riolo vient de sortir "Racaille Football Club" (éd. Hugo&Cie) dans lequel il tente de décrypter la situation du football français, et surtout, en France. Plus que son analyse, c'est la comparaison avec la NBA qui a retenu mon attention.

Le livre en question. 16,95 €

En un peu plus de 200 pages, Daniel Riolo tente de comprendre pourquoi le football français est à la dérive depuis tant d'années. Une descente aux enfers principalement due à la "ghettoïsation" des joueurs hexagonaux, et à la mauvaise gestion des dirigeants. Mais dans cette masse d'informations, que l'animateur a pu développer en filigrane tous les soirs à la radio depuis plusieurs années, au fur et à mesure que les joueurs accumulaient de piètres résultats, et surtout, des comportements indignes de leur rang, c'est surtout la comparaison avec la NBA qui a fait tilt dans ma tête.
En effet, tout comme les footeux de Ligue 1, la majorité des basketteurs américains sont issus de milieux pauvres et/ou populaires. Dans son livre, le journaliste explique que la ligue américaine a mis au pas ses joueurs à coup d'amendes salées et de cours de communication. Des résolutions plutôt payantes puisque les "bad buzz" se font de plus en plus rare. Mais, tout ceci n'est pas seulement dû à la NBA.

Jeunes et fous ...

La NBA et la NFL (foot us) sont les deux ligues majeures américaines où (d'après ce que j'en ai vu) il y a le plus de Noirs. Bien entendu, ils ne sont pas tous issus de "quartiers" mais cela représente une grande majorité de joueurs.
Vers 22-23 ans, ils (une élite) passent pro et signent des contrats mirobolants qui feraient rêver l'UNFP et tous les joueurs de Ligue 1. Si la majorité des joueurs - à l'image de Dennis Rodman et Scottie Pippen - font faillites en moyenne 5 ans après leur retraite (lire ici), beaucoup d'entre eux ne font pas d'esclandres tout au long de leur carrière. Pourquoi ? Car ils se lâchent à la fac.
Dans ces deux sports (et surtout en NFL, où il est impossible de passer outre l'université), les joueurs passent 2-3 ans à la faculté - sauf rares exceptions comme Kobe Bryant ou LeBron James. Là-bas, ils se la "donnent", comme on dit. Les stars de l'école font la fête et entrainent les pom-pom girls dans les coins sombres de l'appart' où se déroule la "party". Bon, je caricature un peu mais dans l'idée c'est un peu ça. Au lieu d'être enfermés dans un centre de formation entre garçons, les Américains sont donc lâchés au milieu des petites étudiantes. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

... mais étudiants avant tout

Que ça soit dans une grande université, ou une fac de seconde zone, les jeunes en formation assistent également à beaucoup de cours. Si une quarantaine de gars constituent une équipe en football us, seuls 1 ou 2 iront en NFL où ils ne feront pas forcément carrière. Il est donc impératif pour tous ces jeunes d'aller en cours et, à défaut d'être de bons élèves, de fréquenter et d'écouter des gens intelligents qui les aideront à se cultiver un minimum.
Les études supérieures ont donc le mérite de changer l'univers de ces jeunes sportifs. Ils se retrouvent ainsi dans des milieux radicalement différents de ceux qu'ils fréquentaient auparavant dans leur adolescence. Et c'est dans ce magnifique contexte scolaire, que les apprentis footballeurs et basketteurs apprennent très tôt ce qu'est le haut niveau.

Les meilleures ligues du monde

Au-delà des punitions et autres amendes, ce qui fait avant tout la force des ligues nord-américaines : c'est le niveau de jeu. En effet, si les "petits prodiges" de Ligue 1 lorgnent sur les pelouses plus vertes de Premier League anglaise, leurs congénères américains savent qu'ils se dirigent vers les meilleures ligues du monde, où déloger les stars en présence est loin d'être simple.
Tout rebelle qu'il est, comment un jeune joueur peut-il envoyer balader un Bryant ou un Tim Duncan ? C'est impossible. Et je n'ose imaginer une telle situation en NFL où le jeune effronté risquerait de subir les rudesses de l'entrainement.

Donc, au-delà de la pression de la ligue, c'est surtout l'éducation et le niveau de jeu exigé par des propriétaires puissants et des coachs exigeants, qui pousse les joueurs "difficiles" à changer de caractère, puis endosser le costard et l'attitude que les clubs attendent d'eux.

mercredi 29 mai 2013

Gleeden.com ou comment envoyer balader les précautions traditionnelles des infidèles

Rendez-vous cachés, codes secrets, coups de fils en catimini ... tous les subterfuges passés et présents sont balayés par le sulfureux site de rencontre adultérines : Gleede.com. Ouvertement conçu pour les femmes en manque de sensations fortes, le site permet de s'inscrire en toute discrétion sur la toile pour toutes les personnes souhaitant ouvertement cocufier leur conjoint. Un comble !

La femme adultère (désolé, j'ai pas trouvé l'homme adultère en aussi classe)

"Je prépare un coup terrible pour le week-end, j'ai mis Gérard dans le coup qui m'invite soi-disant à sa chasse (...) mais comme je ne peux pas débarquer avenue de Wagram en tenue de chasse avec les chiens. Il faudrait absolument que tu me trouves une pension pour chiens qui me prenne les bêtes pour le week-end" racontait le comique Alex Métayer dans son sketch sur l'adultère. Campant le rôle d'un homme au téléphone - sur sa ligne fixe bien entendu puisque le portable était encore l'outil d'une certaine élite - avec sa maîtresse, cherchant le plus discrètement possible à la retrouver à l'hôtel, à l'abri des regards indiscrets. Quel has-been !
Désormais, épouses et époux peuvent s'envoyer des petits "sextos" à leurs amants et maîtresses, en prenant bien soin d'effacer les messages interdits. Une précaution indispensable permettant de brouiller indubitablement les petites tentatives d'espionnages de leur compagnon légitime. Tant qu'on reste discret, il est difficile que le/la cocu(e) découvre le pot-aux-roses. À moins de s'exposer au grand jour sur internet ou facebook en publiant une photo du type "moi & ma femme II"(1). Très peu probable vous me direz. Et bien non ! Gleede.com a réussi l'impensable : convaincre les gens d'ouvrir un profil adultérin sur leur site internet. Ce qui a tendance à laisser de multiples traces.

Et le mode InPrivate dans tout ça ?

Alors qu'Internet Explorer dépense des millions en spots TV pour vous expliquer que vous pouvez aller quérir sur la toile un bijou pour Madame, ou un joli pull pour Monsieur (oui c'est un peu réducteur comme vision, je vous l'accorde), en toute quiétude en activant le mode InPrivate, le fameux site vous pousse à vous dévoiler publiquement. Certes, on peut tout à fait aller sur le site de rencontre via ledit mode "InPrivate" mais si ce n'est pas le cas : patatra !
Soyons tout de même optimistes, et partons du principe que vous utilisez la fameuse option. Très bien. Mais que faites-vous du fameux "soupçon" ? Ce sentiment purement arbitraire touchant tout le monde et particulièrement les "jaloux".

Seek & Destroy

Le "jaloux" est par définition un être méfiant et suspicieux. S'il vous (madame ou monsieur) sait capable de fréquenter ce genre de sites, qu'est-ce qui l'empêche d'aller lui/elle-même d'aller faire un tour dessus et vous tendre un piège ? Hm ? Ah ! Pas simple non ?

Donc non, tromper son partenaire (et personnellement j'y connais rien dans le domaine) n'est pas une chose simple, et ne le sera jamais. Et heureusement d'ailleurs, sinon les théâtres de boulevard n'auraient plus d'amants à cacher dans les placards.

L'amant du placard version C+

(1) Vu qu'il faudrait être débile pour faire ça, j'ai choisi la légende la plus débile possible