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Parros à terre |
1,95 mètre pour 97 kilos. Un beau bébé me direz-vous ? Un sacré
spécimen en effet dont le métier est, non pas de mettre des buts comme
l'attaquant qu'il est, mais de se battre. En huit saisons au sein de la
LNH (comme disent ces invétérés traducteurs de Québécois), l'Américain
Georges Parros ne compte que 18 buts et 17 passes en 453 matchs. C'est
peu. Ridicule même. Et pourtant, le prestigieux club des Canadiens de
Montréal - le plus titré de la ligue - s'est arraché ses services lors
de la trêve estivale, et lui versera un salaire estimé à 950 000 $ pour
cette saison 2013-14. Pourquoi ? Pour "renforcer" son effectif un peu
tendre. En gros : il leur fallait un bagarreur, "un homme fort" comme
ils disent dans la Belle Province. Car le joueur de 33 ans cumule
quelques 1027 minutes de pénalités ! Notez bien qu'une bagarre est
sanctionnée par 5 minutes de prison, ou par une exclusion après avoir
participé à trois combats au cours du même match, ou encore pour être
impliqué dans cette "discussion virile" lors des 5 dernières minutes de
la rencontre. Il est donc aisé de conclure que George "Violent Gentleman" Parros a participé à un très grand nombre concours de droites et autres uppercuts.
Mais le "policier"
du Canadien n'a pas pu profiter très longtemps de son nouveau chandail
en ce début saison. Lors d'une bagarre (la seconde du match) contre un
confrère bastonneur, Colton Orr, Parros s'est retrouvé face contre glace
après avoir lourdement chuté le visage en avant. Agrippé à son rival,
l'attaquant de Montréal a fait une lourde chute au moment où Orr tombait
involontairement après avoir perdu ses appuis (voir ici
en VF). Simple fait de jeu pour certains, cette lourde chute suscite un
débat qui révèle l'importance des ces combats qui pourraient paraître
barbares pour un néophyte.
La régulation par le poing
Outre le show qu'ils procurent à la foule en délire, les combats font partie intégrante du jeu. Même si les mauvaises chutes, comme celle de Parros, désolent les joueurs, la plupart d'entre eux ne demandent pas l'abolition des combats. "Ça fait partie de la game" comme l'explique l'ancien joueur André Roy. C'est un fait, les accidents sont un impondérable de ce sport où les plus graves blessures arrivent suite à de lourds contacts. Par exemple, la mise en échec de Zdeno Chara (2,06 m, 118 kg) sur Max Pacioretty en 2011 (voir là), provoquant à ce dernier une fracture de la quatrième vertèbre cervicale et une commotion cérébrale. Bien qu'involontaire dans ce cas, cet exemple montre bien que par définition le hockey est un sport de contacts violents. Mais il existe deux types de chocs : les involontaires (comme l'exemple précédent) et les volontaires. En effet, les "hommes forts" ont également certaines cibles de choix au cours d'un match, et ont a cœur de leur adresser volontairement un bloc vicieux. Le cas le plus courant étant le "genou contre genou". Tel le "coup de boule", l'agresseur arrive le genou en avant pour choquer celui de son adversaire. Cette pratique relativement courante suscite deux réactions : la vengeance du "policier" de l'équipe adversaire dès qu'il sera sur la glace au même moment que l'agresseur, ou bien une réaction épidermique du coach. C'est rare mais ça arrive, et pas plus tard que la semaine dernière lors d'un match opposant l'Avalanche du Colorado (Denver) aux Ducks d'Anaheim (Californie). L'entraineur de Denver, Patrick Roy (ex gardien star de la Ligue), n'a en effet pas supporté que le défenseur californien Ben Lovejoy tente ce coup bas contre Nathan MacKinnon, le joueur numéro 1 de la dernière draft (résumé ici).
C'est donc pour éviter ces risques de graves blessures que les bagarres existent : les gros défendent les "petits", comme à la cour de récréation. Certains observateurs, comme Vincent Damphousse (vainqueur de la Coupe Stanley avec Montréal en 1993) supporteraient "l'élimination des bagarres. Poursuivant, si on les enlève je crois pas que les plus vénérables se feraient abuser. Je pense qu'il faut juste appliquer le règlement plus sévèrement". Un point de vu non partagé par le journaliste sportif québécois Martin Lemay qui soutient l'existence de "l'auto-justice" via les bagarres. Des combats qui soulèvent d'ailleurs seulement l'indignation de certains de ces "observateurs".
Statu Quo ?
Car du côté des instances dirigeantes de la NHL et de l'AJLNH (Association des Joueurs de la Ligue Nationale de Hockey), rien à dire. No comment. Du moins, c'est l'avis du grand boss, Gary Bettman pour qui les combats sont une "soupape" bienvenue dans un match. Idem chez la toute puissante - et difficilement influençable - association des joueurs qui ne revendique pas la fin des combats. À vrai dire, ce problème concerne plus les General Manager (GM). Tout le monde a pu voir la tête attristée de Marc Bergevin (GM de Montréal) tandis que George Parros était évacué de l'arène des Canadiens. Ces collègues, qui sont souvent des anciens joueurs réputés comme Steve Yzerman (GM de Tampa Bay, Floride), partagent son inquiétude : "Nous devons décider quel sport on veut. Ou bien tout est permis et nous acceptons les conséquences, ou bien on franchit la prochaine étape et on élimine les batailles."
Il y a donc deux camps qui s'affrontent dans cette affaire où le manichéisme n'a pas sa place. Les "anti" ne sont pas plus gentils que les "pro" fight. Tous ont des arguments parfaitement valables. Les uns veulent éviter les coups vicieux, comme ils sont pratiqués en Europe où les bagarres sont interdites ; les autres souhaitent tout simplement éviter une catastrophe qui - il est vrai - finira indubitablement par arriver dans ce sport exigeant, rapide et violent.
Le consensus n'est donc pas prêt d'être trouvé. Il ne reste plus qu'à espérer qu'une bagarre ne se termine jamais mal.
Crédits photo : Getty Images / Ryan Remiorz, The Canadien Press, Postmedia News
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Parros vs Orr |
La régulation par le poing
Outre le show qu'ils procurent à la foule en délire, les combats font partie intégrante du jeu. Même si les mauvaises chutes, comme celle de Parros, désolent les joueurs, la plupart d'entre eux ne demandent pas l'abolition des combats. "Ça fait partie de la game" comme l'explique l'ancien joueur André Roy. C'est un fait, les accidents sont un impondérable de ce sport où les plus graves blessures arrivent suite à de lourds contacts. Par exemple, la mise en échec de Zdeno Chara (2,06 m, 118 kg) sur Max Pacioretty en 2011 (voir là), provoquant à ce dernier une fracture de la quatrième vertèbre cervicale et une commotion cérébrale. Bien qu'involontaire dans ce cas, cet exemple montre bien que par définition le hockey est un sport de contacts violents. Mais il existe deux types de chocs : les involontaires (comme l'exemple précédent) et les volontaires. En effet, les "hommes forts" ont également certaines cibles de choix au cours d'un match, et ont a cœur de leur adresser volontairement un bloc vicieux. Le cas le plus courant étant le "genou contre genou". Tel le "coup de boule", l'agresseur arrive le genou en avant pour choquer celui de son adversaire. Cette pratique relativement courante suscite deux réactions : la vengeance du "policier" de l'équipe adversaire dès qu'il sera sur la glace au même moment que l'agresseur, ou bien une réaction épidermique du coach. C'est rare mais ça arrive, et pas plus tard que la semaine dernière lors d'un match opposant l'Avalanche du Colorado (Denver) aux Ducks d'Anaheim (Californie). L'entraineur de Denver, Patrick Roy (ex gardien star de la Ligue), n'a en effet pas supporté que le défenseur californien Ben Lovejoy tente ce coup bas contre Nathan MacKinnon, le joueur numéro 1 de la dernière draft (résumé ici).
C'est donc pour éviter ces risques de graves blessures que les bagarres existent : les gros défendent les "petits", comme à la cour de récréation. Certains observateurs, comme Vincent Damphousse (vainqueur de la Coupe Stanley avec Montréal en 1993) supporteraient "l'élimination des bagarres. Poursuivant, si on les enlève je crois pas que les plus vénérables se feraient abuser. Je pense qu'il faut juste appliquer le règlement plus sévèrement". Un point de vu non partagé par le journaliste sportif québécois Martin Lemay qui soutient l'existence de "l'auto-justice" via les bagarres. Des combats qui soulèvent d'ailleurs seulement l'indignation de certains de ces "observateurs".
Statu Quo ?
Car du côté des instances dirigeantes de la NHL et de l'AJLNH (Association des Joueurs de la Ligue Nationale de Hockey), rien à dire. No comment. Du moins, c'est l'avis du grand boss, Gary Bettman pour qui les combats sont une "soupape" bienvenue dans un match. Idem chez la toute puissante - et difficilement influençable - association des joueurs qui ne revendique pas la fin des combats. À vrai dire, ce problème concerne plus les General Manager (GM). Tout le monde a pu voir la tête attristée de Marc Bergevin (GM de Montréal) tandis que George Parros était évacué de l'arène des Canadiens. Ces collègues, qui sont souvent des anciens joueurs réputés comme Steve Yzerman (GM de Tampa Bay, Floride), partagent son inquiétude : "Nous devons décider quel sport on veut. Ou bien tout est permis et nous acceptons les conséquences, ou bien on franchit la prochaine étape et on élimine les batailles."
Il y a donc deux camps qui s'affrontent dans cette affaire où le manichéisme n'a pas sa place. Les "anti" ne sont pas plus gentils que les "pro" fight. Tous ont des arguments parfaitement valables. Les uns veulent éviter les coups vicieux, comme ils sont pratiqués en Europe où les bagarres sont interdites ; les autres souhaitent tout simplement éviter une catastrophe qui - il est vrai - finira indubitablement par arriver dans ce sport exigeant, rapide et violent.
Le consensus n'est donc pas prêt d'être trouvé. Il ne reste plus qu'à espérer qu'une bagarre ne se termine jamais mal.
Crédits photo : Getty Images / Ryan Remiorz, The Canadien Press, Postmedia News