lundi 3 juin 2013

Réflexion sur le "Racaille Football Club" de Daniel Riolo

Co-animateur de l'After Foot sur RMC avec Gilbert Brisbois depuis 2006, Daniel Riolo vient de sortir "Racaille Football Club" (éd. Hugo&Cie) dans lequel il tente de décrypter la situation du football français, et surtout, en France. Plus que son analyse, c'est la comparaison avec la NBA qui a retenu mon attention.

Le livre en question. 16,95 €

En un peu plus de 200 pages, Daniel Riolo tente de comprendre pourquoi le football français est à la dérive depuis tant d'années. Une descente aux enfers principalement due à la "ghettoïsation" des joueurs hexagonaux, et à la mauvaise gestion des dirigeants. Mais dans cette masse d'informations, que l'animateur a pu développer en filigrane tous les soirs à la radio depuis plusieurs années, au fur et à mesure que les joueurs accumulaient de piètres résultats, et surtout, des comportements indignes de leur rang, c'est surtout la comparaison avec la NBA qui a fait tilt dans ma tête.
En effet, tout comme les footeux de Ligue 1, la majorité des basketteurs américains sont issus de milieux pauvres et/ou populaires. Dans son livre, le journaliste explique que la ligue américaine a mis au pas ses joueurs à coup d'amendes salées et de cours de communication. Des résolutions plutôt payantes puisque les "bad buzz" se font de plus en plus rare. Mais, tout ceci n'est pas seulement dû à la NBA.

Jeunes et fous ...

La NBA et la NFL (foot us) sont les deux ligues majeures américaines où (d'après ce que j'en ai vu) il y a le plus de Noirs. Bien entendu, ils ne sont pas tous issus de "quartiers" mais cela représente une grande majorité de joueurs.
Vers 22-23 ans, ils (une élite) passent pro et signent des contrats mirobolants qui feraient rêver l'UNFP et tous les joueurs de Ligue 1. Si la majorité des joueurs - à l'image de Dennis Rodman et Scottie Pippen - font faillites en moyenne 5 ans après leur retraite (lire ici), beaucoup d'entre eux ne font pas d'esclandres tout au long de leur carrière. Pourquoi ? Car ils se lâchent à la fac.
Dans ces deux sports (et surtout en NFL, où il est impossible de passer outre l'université), les joueurs passent 2-3 ans à la faculté - sauf rares exceptions comme Kobe Bryant ou LeBron James. Là-bas, ils se la "donnent", comme on dit. Les stars de l'école font la fête et entrainent les pom-pom girls dans les coins sombres de l'appart' où se déroule la "party". Bon, je caricature un peu mais dans l'idée c'est un peu ça. Au lieu d'être enfermés dans un centre de formation entre garçons, les Américains sont donc lâchés au milieu des petites étudiantes. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

... mais étudiants avant tout

Que ça soit dans une grande université, ou une fac de seconde zone, les jeunes en formation assistent également à beaucoup de cours. Si une quarantaine de gars constituent une équipe en football us, seuls 1 ou 2 iront en NFL où ils ne feront pas forcément carrière. Il est donc impératif pour tous ces jeunes d'aller en cours et, à défaut d'être de bons élèves, de fréquenter et d'écouter des gens intelligents qui les aideront à se cultiver un minimum.
Les études supérieures ont donc le mérite de changer l'univers de ces jeunes sportifs. Ils se retrouvent ainsi dans des milieux radicalement différents de ceux qu'ils fréquentaient auparavant dans leur adolescence. Et c'est dans ce magnifique contexte scolaire, que les apprentis footballeurs et basketteurs apprennent très tôt ce qu'est le haut niveau.

Les meilleures ligues du monde

Au-delà des punitions et autres amendes, ce qui fait avant tout la force des ligues nord-américaines : c'est le niveau de jeu. En effet, si les "petits prodiges" de Ligue 1 lorgnent sur les pelouses plus vertes de Premier League anglaise, leurs congénères américains savent qu'ils se dirigent vers les meilleures ligues du monde, où déloger les stars en présence est loin d'être simple.
Tout rebelle qu'il est, comment un jeune joueur peut-il envoyer balader un Bryant ou un Tim Duncan ? C'est impossible. Et je n'ose imaginer une telle situation en NFL où le jeune effronté risquerait de subir les rudesses de l'entrainement.

Donc, au-delà de la pression de la ligue, c'est surtout l'éducation et le niveau de jeu exigé par des propriétaires puissants et des coachs exigeants, qui pousse les joueurs "difficiles" à changer de caractère, puis endosser le costard et l'attitude que les clubs attendent d'eux.

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