jeudi 10 janvier 2013

Pourquoi le Virgin Megastore va fermer ?

Le magasin Virgin Megastore des Cordeliers devrait définitivement fermer dans les prochaines semaines. La franchise créée - et revendue en décembre 2007 -  par le fantasque Richard Branson s'est déclarée en cessation de paiement fin décembre, avant d'officiellement déposer le bilan ce mercredi 9 janvier au tribunal de commerce de Paris. Une faillite nationale aux conséquences dramatiques pour les employés lyonnais qui dénoncent une mauvaise gestion de Butler Capital Partners, l'actionnaire majoritaire.

Virgin Cordeliers


Comme souvent, tout commence à Paris. Le 19 décembre dernier, Virgin affirme vouloir résilier le bail de sa prestigieuse boutique des Champs-Elysées. Une déclaration qui sentait déjà le sapin à l'approche de Noël. Crainte justifiée puisque la franchise a officiellement déposé le bilan ce mercredi 9 janvier. Un acte aux conséquences locales, y compris pour le magasin des Cordeliers.

CGT, NPA, Front de Gauche étaient présents
Réunis hier soir (mercredi 9) sur le seuil de leur boutique, plusieurs salariés avaient installé un piquet de grève, délégué syndical et divers membres de partis (NPA, Front de Gauche) ou de syndicats (CGT cheminots) en tête. Si la plupart des employés sont "peu optimistes" quant à l'avenir de leur entreprise, dont l'activité peut (officiellement) tout à fait redémarrer, ils comptent néanmoins défendre leurs droits.

En effet, si le fond d'investissement Butler ne semble pas prêt à renflouer Virgin, il serait en revanche décidé à ne pas verser d'indemnités de départ à son personnel. "Butler est un fond d'investissement qui a de l'argent, avec des sociétés qui fonctionnent très bien (Partouche, Anovo, Sernam par exemple). Ils n'ont donc aucune raison de nous refuser ces indemnités" explique le délégué du personnel. Un traitement "injuste" pour certains qui sont présents depuis le début de l'aventure en mars 2000, et qui participent au fonctionnement d'un magasin en bonne santé.

Des erreurs structurelles


Car malgré un loyer mensuel exorbitant de 76 000 euros*, l'enseigne arrive tout de même à surnager face à Boulanger (ex Planet Saturn) et la Fnac Bellecour. "Le magasin était bénéficiaire entre 2004 et 2010, avant d'être plutôt à l'équilibre ces deux dernières années" selon un employé, et ce malgré un taux de passage en baisse au fil des ans. Alors quel est le problème de Virgin ? Principalement des erreurs structurelles sur la gestion du personnel et l'achat en ligne.

En effet, Virgin dispose aujourd'hui seulement d'un service d'achat de mp3 en ligne, "VirginMega", contrairement à son principal rival, la Fnac, où tous les produits sont commandables sur le net. La chaine de PPR a même acté l'automne dernier l'abandon de sa plateforme de commande de mp3, "Fnac Music", en raison de l'échec de cette dernière. Depuis le 1er janvier, les clients de la Fnac sont d'ailleurs orientés vers l'iTunes Store d'Apple. Pourquoi ? Car les services de ce type ne sont pas assez rentables. D'après Numerama.com (ici), un titre vendu 0.99 € ne rapporterait que 0.01 € à la plateforme VirginMega, et 70 centimes aux Majors.

L'échec de la méthode Virgin First


Viennent ensuite les problèmes de management et le fameux "Virgin First". Mis en place par "Butler" en novembre 2007, cette nouvelle méthode de travail dispendieuse n'a pas vraiment conquis les employés. Pourtant le nouveau patron avait mis 4-5 millions d'euros sur la table. De quoi payer les cabinets d'audit et les consultants spécialisés qui n'avaient pas prévu l'échec de cette nouveauté.

Arrivé peu avant la mise en place du "Virgin First", un employé explique que cette nouvelle approche de son travail était "contraignante". "On devait faire la mise en rayon et du rangement à des horaires précis, ce qui n'est pas forcément commode. Et surtout, on avait pour ordre d'aller continuellement vers le client pour lui proposer notre aide" d'après une "veste rouge". "C'était une attitude un peu agressive envers le client qui n'aimait pas forcément cela." Il est vrai que dans ces grands magasins le client préfère fouiller tranquillement avant de demander par lui-même.
Enfin de compte, les employés ont vite repris leurs habitudes classiques, "sauf lorsque le magasin était en audit, du coup on faisait comme on nous demandait mais c'était complètement idiot" témoigne un des manifestants.

L'avenir ?


Difficile d'envisager un avenir à Virgin, même si légalement tout est encore possible à ce jour, y compris le pire. C'est tout de même la motivation qui l'emporte parmi les grévistes : continuer à travailler au mieux et surtout poursuivre la lutte sociale pour leurs droits. Quitte à monter à Paris.

Au-delà du désastre économique et humain, ce dépôt de bilan participe à l'érection de la pierre tombale de l'industrie du disque physique et de la littérature. Hélas.

*pas donné pour cet ancien local ANPE

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