lundi 19 novembre 2012

République plus fort qu'Edouard Herriot ?

Tout le monde a parlé de la grande manifestation des opposants "au mariage pour tous", qui aurait rassemblé 20 000 personnes dit-on. J'y ai passé l'après-midi pour observer ces gens qui défendent leur vision du mariage. Mais le plus intéressant restait la manif dans la manif', les stars de tous les rassemblements droitiers à Lyon : le Bloc Identitaire.

Deux manifestations en une !
Une tête du cortège chantant sur du Queen
Deux visages. Cette manifestation contre le "mariage pour tous" a été un succès, on ne peut le nier. Ce n'est pas souvent que 20 000 Lyonnais (dont quelques Savoyards perdus plutôt en fin de cortège) se rassemblent dans les rues, sauf victoire de l'OL ou pour une réforme des retraites qui se termine en émeute. Il n'est pour autant pas question de violences dans cette manifestation "bon enfant" et familiale où les jeunes sont en têtes et défilent sur du Queen ou encore du Katy Perry ! (photo ci-contre)


Partant d'une place Bellecour remplie à moitié, le défilé s'est rendu jusqu'à la place des Terreaux via la rue Edouard Herriot. Il y a déjà foule devant le musée des Beaux Arts alors que la majorité des "antis" est loin d'avoir rallié l'Hôtel de Ville. Contrairement au rassemblement des "pros" mariage gay, les organisateurs ont prévu de bons micros avec de bonnes sonos, le tout monté sur des véhicules d'où est scandé le désormais célèbre : "Une père, une mère c'est complémentaire. Deux pères, deux mères, enfant sans repères".

Enfin, vers la queue du peloton, arrive la frange dure du mouvement : les membres du Bloc Identitaire, emmenés par Alexandre Gabriac, leur chef sacré. Le conseiller régional, expulsé du FN en 2011 à cause d'une photo le montrant en train d'exécuter un magnifique salut nazi dans une cave, était bien évidemment au rendez-vous. Entouré de sa bande – et d'une quinzaines de policiers suréquipés – le jeune homme (il n'a que 22 ans) arborant une drôle d'écharpe blanche et bleue (ouais j'ai pas eu les corones d'aller lui demander pourquoi, j'tiens à ma vie ^^) mène le bal.

"Pas de défilé pour les enfilés". Un joli slogan que l'on pouvait entendre des rangs nationalistes (un qualificatif auto-proclamé par le groupe). Car cette partie de la manif était véritablement l'autre visage du rassemblement. Après le pères et mères de familles, est donc arrivé ces jeunes répondant par la violence et les menaces aux provocations (pas très futées non plus) des "pro" mariages présents sporadiquement tout au long parcours. Une fois place des Terreaux, les doigts en l'air se mettent à voler. La police charge pour calmer les esprits des identitaires. Ça détale de tous les côtés vers la rue Sainte Marie des Terreaux. L'hésitation règne pendant quelques minutes … où sont-ils passés ? Cinq minutes plus tard, ils réapparaissent miraculeusement avant de prendre la rue Constantine.

Chaleurs d'automne. Une sono hurlant "L'Internationale", un drapeau arc-en-ciel : deux provocations de trop pour le groupe d'extrême droite. Diffusé depuis le 4e étage d'un immeuble de la rue, le chant communiste ne laisse pas les manifestants indifférent. Ces derniers décident alors d'exprimer leur frustration sur un drapeau arc-en-ciel mis en évidence par un bar de la rue. Les jeunes, au visage partiellement masqué, repartent avec la bannière gay sans faire plus de dégâts, suivant probablement à la lettre les instructions donnés par les cadres : on ne gâche pas la manif alors pas de vague, pas de bastons.

Plus calme le long du quai Saint-Antoine, les nationalistes se sont déchaînés une fois arrivés place Bellecour. Grâce à une échelle, les membres du Bloc Identitaire se sont hissés sur le toit de l'office de tourisme de la ville. Gros pétard et fumigènes rouges sont au rendez-vous. 
Lumières rouges à l'office du tourisme
Observés par une troupe de CRS et de badauds, les jeunes au crâne souvent rasé (ou du moins très court, ce qui ne doit pas être très commode à l'approche de l'hiver...), scandent les slogans du jour, et en profitent pour réviser leurs classiques "la France aux Français etc …". Les squatteurs du toit ont finalement été arrêtés, et placés en garde à vue par la police à la descente de l'échelle.




Bilan. C'était vraiment impressionnant, qui pouvait prévoir autant de monde ? On m'a parlé des grandes manifestations de 1984, sur la réforme de l'école publique qui avait conduit le président Mitterrand à mettre son projet de loi au placard. En regardant toute cette foule, "le mariage pour tous" semble être de moins en moins évident à imposer aux Français. Déjà repoussé en janvier, cette réforme sociétale ne sera probablement pas aussi simple à faire passer. Qui vivra verra.

En attendant, malgré la foule défilant rue Edouard Herriot, c'est bel et bien le troisième camp, celui des "neutres" battant le pavé de la commerçante rue de la République qui reste les plus nombreux. 

PS : comme j'ai pu le signifier lors de ma note précédente : je suis "ni pour, ni contre, bien au contraire !"

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